Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/280

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parfumée qu’attirait fort peu la sympathie, mais beaucoup cet irrésistible besoin d’être là où l’on sait qu’il y a du nouveau.

Un académicien dirait que les soirées du monde sont des collections de fleurs qui attirent papillons inconstants, abeilles affamées et frelons bourdonnants.

Il va sans dire que les salons étaient resplendissants de bougies, la lumière roulait à flots des moulures d’or sur les tentures de soie, et tout le mauvais goût de cet ameublement, qui n’avait pour lui que la richesse, resplendissait de tout son éclat.

Mademoiselle Eugénie était vêtue avec la simplicité la plus élégante : une robe de soie blanche brochée de blanc, une rose blanche à moitié perdue dans ses cheveux d’un noir de jais, composaient toute sa parure, que ne venait pas enrichir le plus petit bijou.

Seulement on pouvait lire dans ses yeux cette assurance parfaite destinée à démentir ce que cette candide toilette avait de vulgairement virginal à ses propres yeux.

Madame Danglars, à trente pas d’elle, causait avec Debray, Beauchamp et Château-Renaud. Debray avait fait sa rentrée dans cette maison pour cette grande solennité, mais comme tout le monde et sans aucun privilège particulier.

M. Danglars, entouré de députés, d’hommes de finance, expliquait une théorie de contributions nouvelles qu’il comptait mettre en exercice quand la force des choses aurait contraint le gouvernement à l’appeler au ministère.

Andrea, tenant sous son bras un des plus fringants dandys de l’Opéra, lui expliquait assez impertinemment attendu qu’il avait besoin d’être hardi pour paraître à l’aise, ses projets de vie à venir, et les progrès de luxe