Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/43

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Noirtier bouillait d’impatience et de terreur ; son âme volait au secours du pauvre vieillard, son ami plutôt que son domestique. On voyait le combat terrible de la vie et de la mort se traduire sur son front par le gonflement des veines et la contraction de quelques muscles restés vivants autour de ses yeux.

Barrois, la face agitée, les yeux injectés de sang, le cou renversé en arrière, gisait battant le parquet de ses mains, tandis qu’au contraire ses jambes roides semblaient devoir rompre plutôt que plier.

Une légère écume montait à ses lèvres, et il haletait douloureusement.

Villefort, stupéfait, demeura un instant les yeux fixés sur ce tableau, qui, dès son entrée dans la chambre, attira ses regards.

Il n’avait pas vu Morrel.

Après un instant de contemplation muette pendant lequel on put voir son visage pâlir et ses cheveux se dresser sur sa tête :

— Docteur ! docteur ! s’écria-t-il en s’élançant vers la porte, venez ! venez !

— Madame ! madame ! cria Valentine appelant sa belle-mère et se heurtant aux parois de l’escalier, venez ! venez vite ! et apportez votre flacon de sels !

— Qu’y a-t-il ? demanda la voix métallique et contenue de madame de Villefort.

— Oh ! venez ! venez !

— Mais où donc est le docteur ? criait Villefort ; où est-il ?

Madame de Villefort descendit lentement ; on entendait craquer les planches sous ses pieds. D’une main elle tenait le mouchoir avec lequel elle s’essuyait le visage, de l’autre un flacon de sels anglais.