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VIII

LE CIMETIÈRE DU PÈRE-LACHAISE.

M. de Boville avait, en effet, rencontré le convoi funèbre qui conduisait Valentine à sa dernière demeure.

Le temps était sombre et nuageux ; un vent tiède encore, mais déjà mortel pour les feuilles jaunies, les arrachait aux branches peu à peu dépouillées et les faisait tourbillonner sur la foule immense qui encombrait les boulevards.

M. de Villefort, Parisien pur, regardait le cimetière du Père-Lachaise comme le seul digne de recevoir la dépouille mortelle d’une famille parisienne ; les autres lui paraissaient des cimetières de campagne, des hôtels garnis de la mort. Au Père-Lachaise seulement un trépassé de bonne compagnie pouvait être logé chez lui.

Il avait acheté là, comme nous l’avons vu, la concession à perpétuité sur laquelle s’élevait le monument peuplé si promptement par tous les membres de sa première famille.

On lisait sur le fronton du mausolée : famille saint-méran et villefort ; car tel avait été le dernier vœu de la pauvre Renée, mère de Valentine.

C’était donc vers le Père-Lachaise que s’acheminait le pompeux cortège parti du faubourg Saint-Honoré. On traversa tout Paris, on prit le faubourg du Temple, puis les boulevards extérieurs jusqu’au cimetière. Plus de cinquante voitures de maîtres suivaient vingt voitures de