Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/105

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— Non, merci.

— Enfin désirez-vous quelque chose ?

— Laissez-moi prier.

Le comte s’éloigna sans faire une seule objection, mais ce fut pour prendre un nouveau poste, d’où il ne perdait pas un seul geste de Morrel, qui enfin se releva, essuya ses genoux blanchis par la pierre, et reprit le chemin de Paris sans tourner une seule fois la tête.

Il descendit lentement la rue de la Roquette.

Le comte renvoyant sa voiture qui stationnait au Père-Lachaise, le suivit à cent pas. Maximilien traversa le canal, et rentra rue Meslay par les boulevards.

Cinq minutes après que la porte se fut refermée pour Morrel, elle se rouvrit pour Monte-Cristo.

Julie était à l’entrée du jardin, où elle regardait, avec la plus profonde attention, maître Peneton qui, prenant sa profession de jardinier au sérieux, faisait des boutures de rosier du Bengale.

— Ah ! monsieur le comte de Monte-Cristo ! s’écria-t-elle avec cette joie que manifestait d’ordinaire chaque membre de la famille, quand Monte-Cristo faisait sa visite dans la rue Meslay.

— Maximilien vient de rentrer, n’est-ce pas, madame ? demanda le comte.

— Je crois l’avoir vu passer, oui, reprit la jeune femme ; mais, je vous prie, appelez Emmanuel.

— Pardon, madame ; mais il faut que je monte à l’instant même chez Maximilien, répliqua Monte-Cristo, j’ai à lui dire quelque chose de la plus haute importance.

— Allez donc, dit-elle, en l’accompagnant de son charmant sourire jusqu’à ce qu’il eût disparu dans l’escalier.

Monte-Cristo eut bientôt franchi les deux étages qui séparaient le rez-de-chaussée de l’appartement de Maxi-