Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/141

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et, offrant son bras à sa mère, il descendit l’escalier.

Quelqu’un descendait devant eux ; ce quelqu’un entendant le frôlement d’une robe de soie sur la rampe, se retourna.

— Debray ! murmura Albert.

— Vous, Morcerf ! répondit le secrétaire du ministre en s’arrêtant sur la marche où il se trouvait.

La curiosité l’emporta chez Debray sur le désir de garder l’incognito ; d’ailleurs il était reconnu.

Il semblait piquant, en effet, de retrouver dans cet hôtel ignoré le jeune homme dont la malheureuse aventure venait de faire un si grand éclat dans Paris.

— Morcerf ! répéta Debray.

Puis, apercevant dans la demi-obscurité la tournure jeune encore et le voile noir de madame de Morcerf.

— Oh ! pardon, ajouta-t-il avec un sourire, je vous laisse, Albert.

Albert comprit la pensée de Debray.

— Ma mère, dit-il en se retournant vers Mercédès, c’est M. Debray, secrétaire du ministre de l’intérieur, un ancien ami à moi.

— Comment ! ancien ! balbutia Debray ; que voulez-vous dire ?

— Je dis cela, monsieur Debray, reprit Albert, parce qu’aujourd’hui je n’ai plus d’amis, et que je ne dois plus en avoir. Je vous remercie beaucoup d’avoir bien voulu me reconnaître, monsieur.

Debray remonta deux marches et vint donner une énergique poignée de main à son interlocuteur.

— Croyez, mon cher Albert, dit-il avec l’émotion qu’il était susceptible d’avoir, croyez que j’ai pris une part profonde au malheur qui vous frappe, et que, pour toutes choses, je me mets à votre disposition.