L’heure du déjeuner arrivée, M. de Villefort ne parut point à table. Le valet de chambre rentra dans le cabinet.
— Madame fait prévenir monsieur, dit-il, que onze heures viennent de sonner et que l’audience est pour midi.
— Eh bien ! fit Villefort, après ?
— Madame a fait sa toilette : elle est toute prête, et demande si elle accompagnera monsieur ?
— Où cela ?
— Au Palais.
— Pour quoi faire ?
— Madame dit qu’elle désire beaucoup assister à cette séance.
— Ah ! fit Villefort avec un accent presque effrayant, elle désire cela !
Le domestique recula d’un pas et dit :
— Si monsieur désire sortir seul, je vais le dire à Madame.
Villefort resta un instant muet ; il creusait avec ses ongles sa joue pâle sur laquelle tranchait sa barbe d’un noir d’ébène.
— Dites à madame, répondit-il enfin, que je désire lui parler, et que je la prie de m’attendre chez elle.
— Oui, monsieur.
— Puis revenez me raser et m’habiller.
— À l’instant.
Le valet de chambre disparut en hâte pour reparaître, rasa Villefort et l’habilla solennellement de noir.
Puis lorsqu’il eut fini :
— Madame a dit qu’elle attendait monsieur aussitôt sa toilette achevée, dit-il.
— J’y vais.
Et Villefort, les dossiers sous le bras, son chapeau à la main, se dirigea vers l’appartement de sa femme.