Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/195

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surlendemain du dîner d’Auteuil et de la visite que lui avait faite l’abbé à lui-même le jour de la mort de Valentine.

— Vous ici, monsieur ! dit-il ; mais vous n’apparaissez donc jamais que pour escorter la Mort ?

Busoni se redressa ; en voyant l’altération du visage du magistrat, l’éclat farouche de ses yeux, il comprit ou crut comprendre que la scène des assises était accomplie ; il ignorait le reste.

— J’y suis venu pour prier sur le corps de votre fille, répondit Busoni !

— Et aujourd’hui, qu’y venez-vous faire ?

— Je viens vous dire que vous m’avez assez payé votre dette ; et qu’à partir de ce moment, je vais prier Dieu qu’il se contente comme moi.

— Mon Dieu ! fit Villefort en reculant, l’épouvante sur le front, cette voix, ce n’est pas celle de l’abbé Busoni !

— Non.

L’abbé arracha sa fausse tonsure, secoua la tête, et ses longs cheveux noirs, cessant d’être comprimés, retombèrent sur ses épaules et encadrèrent son mâle visage.

— C’est le visage de M. de Monte-Cristo ! s’écria Villefort les yeux hagards.

— Ce n’est pas encore cela, monsieur le procureur du roi, cherchez mieux et plus loin.

— Cette voix ! Cette voix ! où l’ai-je entendue pour la première fois ?

— Vous l’avez entendue pour la première fois à Marseille, il y a vingt-trois ans, le jour de votre mariage avec mademoiselle de Saint-Méran. Cherchez dans vos dossiers.

— Vous n’êtes pas Busoni ? vous n’êtes pas Monte-Cristo ? Mon Dieu, vous êtes cet ennemi caché, impla-