Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/240

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Peppino monta sur le siège de derrière.

— Son Excellence veut-elle voir Saint-Pierre ? demanda le cicerone.

— Pour quoi faire ? répondit le baron.

— Dame ! pour voir !

— Je ne suis pas venu à Rome pour voir, dit tout haut Danglars ; puis il ajouta tout bas avec son sourire cupide : Je suis venu pour toucher.

Et il toucha en effet son portefeuille, dans lequel il venait d’enfermer une lettre.

— Alors Son Excellence va… ?

— À l’hôtel.

— Casa Pastrini, dit le cicerone au cocher.

Et la voiture partit rapide comme une voiture de maître.

Dix minutes après, le baron était rentré dans son appartement, et Peppino s’installait sur le banc accolé à la devanture de l’hôtel, après avoir dit quelques mots à l’oreille d’un de ces descendants de Marius et des Gracques que nous avons signalés au commencement de ce chapitre, lequel descendant prit le chemin du Capitole de toute la vitesse de ses jambes.

Danglars était las, satisfait, et avait sommeil. Il se coucha, mit son portefeuille sous son traversin et s’endormit.

Peppino avait du temps de reste ; il joua à la morra avec des facchini, perdit trois écus, et pour se consoler but un flacon de vin d’Orvietto.

Le lendemain, Danglars s’éveilla tard, quoiqu’il se fût couché de bonne heure ; il y avait cinq ou six nuits qu’il dormait fort mal, quand toutefois il dormait.

Il déjeuna copieusement, et peu soucieux, comme il l’avait dit, de voir les beautés de la Ville éternelle, il demanda ses chevaux de poste pour midi.