Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non, dit-il, ils ne m’ont tué ni blessé, mais ils m’ont volé peut-être ?

Et il porta vivement ses mains à ses poches. Elles étaient intactes : les cent louis qu’il s’était réservés pour faire son voyage de Rome à Venise étaient bien dans la poche de son pantalon, et le portefeuille dans lequel se trouvait la lettre de crédit de cinq millions cinquante mille francs était bien dans la poche de sa redingote.

— Singuliers bandits, se dit-il, qui m’ont laissé ma bourse et mon portefeuille ! Comme je le disais hier en me couchant, ils vont me mettre à rançon. Tiens ! j’ai aussi ma montre ! Voyons un peu quelle heure il est.

La montre de Danglars, chef-d’œuvre de Bréguet, qu’il avait remontée avec soin la veille avant de se mettre en route, sonna cinq heures et demie du matin. Sans elle, Danglars fût resté complètement incertain sur l’heure, le jour ne pénétrant pas dans sa cellule.

Fallait-il provoquer une explication des bandits ? Fallait-il attendre patiemment qu’ils la demandassent ? La dernière alternative était la plus prudente : Danglars attendit.

Il attendit jusqu’à midi.

Pendant tout ce temps, une sentinelle avait veillé à sa porte. À huit heures du matin, la sentinelle avait été relevée.

Il avait alors pris à Danglars l’envie de voir par qui il était gardé.

Il avait remarqué que des rayons de lumière, non pas de jour, mais de lampe, filtraient à travers les ais de la porte mal jointe ; il s’approcha d’une de ces ouvertures au moment juste où le bandit buvait quelques gorgées d’eau-de-vie, lesquelles, grâce à l’outre de peau qui les