Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/266

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se redressant sur les genoux ; vous voulez assassiner un homme qui est votre frère devant Dieu ?

— Ô mes amis d’autrefois ! mes amis d’autrefois ! murmura-t-il.

Et il tomba la face contre terre.

Puis, se relevant avec une espèce de désespoir :

— Le chef ! cria-t-il, le chef !

— Me voilà ! dit Vampa, paraissant tout à coup, que désirez-vous encore ?

— Prenez mon dernier or, balbutia Danglars en tendant son portefeuille, et laissez-moi vivre ici, dans cette caverne ; je ne demande plus la liberté, je ne demande qu’à vivre.

— Vous souffrez donc bien ? demanda Vampa.

— Oh ! oui, je souffre, et cruellement !

— Il y a cependant des hommes qui ont encore plus souffert que vous.

— Je ne crois pas.

— Si fait ! ceux qui sont morts de faim.

Danglars songea à ce vieillard que, pendant ses heures d’hallucination, il voyait, à travers les fenêtres de sa pauvre chambre, gémir sur son lit.

Il frappa du front la terre en poussant un gémissement.

— Oui, c’est vrai, il y en a qui ont plus souffert encore que moi, mais au moins, ceux-là, c’étaient des martyrs.

— Vous repentez-vous, au moins ? dit une voix sombre et solennelle, qui fit dresser les cheveux sur la tête de Danglars.

Son regard affaibli essaya de distinguer les objets, et il vit derrière le bandit un homme enveloppé d’un manteau et perdu dans l’ombre d’un pilastre de pierre.

— De quoi faut-il que je me repente ? balbutia Danglars.

— Du mal que vous avez fait, dit la même voix.