Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/282

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— Valentine ! Valentine ! cria Morrel du fond de l’âme.

Mais sa bouche ne proféra point un son ; et, comme si toutes ses forces étaient unies dans cette émotion intérieure, il poussa un soupir et ferma les yeux.

Valentine se précipita vers lui.

Les lèvres de Morrel firent encore un mouvement.

— Il vous appelle, dit le comte ; il vous appelle du fond de son sommeil, celui à qui vous aviez confié votre destinée, et la mort a voulu vous séparer : mais j’étais là par bonheur, et j’ai vaincu la mort ! Valentine, désormais vous ne devez plus vous séparer sur la terre ; car, pour vous retrouver, il se précipitait dans la tombe. Sans moi vous mourriez tous deux ; je vous rends l’un à l’autre : puisse Dieu me tenir compte de ces deux existences que je sauve !

Valentine saisit la main de Monte-Cristo, et dans un élan de joie irrésistible elle la porta à ses lèvres.

— Oh ! remerciez-moi bien, dit le comte, oh ! redites-moi, sans vous lasser de me le redire, redites-moi que je vous ai rendue heureuse ! Vous ne savez pas combien j’ai besoin de cette certitude.

— Oh ! oui, oui, je vous remercie de toute mon âme, dit Valentine, et si vous doutez que mes remerciements soient sincères, eh bien, demandez à Haydée, interrogez ma sœur chérie, Haydée, qui depuis notre départ de France m’a fait attendre patiemment, en me parlant de vous, l’heureux jour qui luit aujourd’hui pour moi.

— Vous aimez donc Haydée ? demanda Monte-Cristo avec une émotion qu’il s’efforçait en vain de dissimuler.

— Oh ! de toute mon âme.

— Eh bien, écoutez, Valentine, dit le comte, j’ai une grâce à vous demander.