Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/49

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dernière lutte du doute contre la conviction ; cependant, la présence de Monte-Cristo chez elle à une pareille heure, son entrée mystérieuse, fantastique, inexplicable, par un mur, semblaient des impossibilités à la raison ébranlée de Valentine.

— N’appelez pas, ne vous effrayez pas, dit le comte n’ayez pas même au fond du cœur l’éclair d’un soupçon ou l’ombre d’une inquiétude ; l’homme que vous voyez devant vous (car cette fois vous avez raison, Valentine, et ce n’est point une illusion), l’homme que vous voyez devant vous est le plus tendre père et le plus respectueux ami que vous puissiez rêver.

Valentine ne trouva rien à répondre : elle avait une si grande peur de cette voix qui lui révélait la présence réelle de celui qui parlait, qu’elle redoutait d’y associer la sienne ; mais son regard effrayé voulait dire : Si vos intentions sont pures, pourquoi êtes-vous ici ?

Avec sa merveilleuse sagacité, le comte comprit tout ce qui se passait dans le cœur de la jeune fille.

— Écoutez-moi, dit-il, ou plutôt regardez-moi : voyez mes yeux rougis et mon visage plus pâle encore que d’habitude ; c’est que depuis quatre nuits je n’ai pas fermé l’œil un seul instant ; depuis quatre nuits, je veille sur vous, je vous protège, je vous conserve à notre ami Maximilien.

Un flot de sang joyeux monta rapidement aux joues de la malade ; car le nom que venait de prononcer le comte lui enlevait le reste de défiance qu’il lui avait inspirée.

— Maximilien !… répéta Valentine, tant ce nom lui paraissait doux à prononcer ; Maximilien ! il vous a donc tout avoué ?

— Tout. Il m’a dit que votre vie était la sienne, et je lui ai promis que vous vivriez.