Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/15

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4o D’un garde nommé Mocquet, pour lequel j’avais une grande admiration, attendu que, tous les soirs, il avait à raconter de magnifiques histoires de revenant et loup-garou, histoires qui s’interrompaient aussitôt que paraissait le général ; c’est ainsi que l’on appelait mon père ;

5o Enfin, d’une fille de cuisine, répondant au nom de Marie.

Cette dernière se perd complètement, pour moi, dans les brouillards crépusculaires de ma vie : c’est un nom que j’ai entendu donner à une forme restée indécise dans mon esprit, mais qui, autant que je puis me le rappeler, n’avait rien de bien poétique.

Au reste, nous n’avons aujourd’hui à nous occuper que de Mocquet.

Essayons de faire connaître Mocquet au physique et au moral.


III


Mocquet était au physique un homme d’une quarantaine d’années, court, trapu, solide des épaules, ferme des jarrets. Il avait la peau brunie par le hâle, de petits yeux perçants, des cheveux grisonnants, des favoris noirs passant en collier sous son cou.

Il m’apparaît au fond de mes souvenirs avec un chapeau à trois cornes, une veste verte à boutons argentés, une culotte de velours à côtes, de grandes guêtres de cuir, carnassière à l’épaule, fusil au bras, brûle-gueule à la bouche.

Arrêtons-nous un instant à ce brûle-gueule.