Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/37

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– À Taille-Fontaine ! fit Mocquet tout ébahi. Ah çà ! mais ils l’ont donc manqué, les maladroits ?

– Pourquoi pas ? Tu l’as bien manqué, toi !

Mocquet secoua la tête.

– Allons, allons, il y a quelque diablerie là-dessous, dit-il. Que je l’aie manqué, c’est étonnant ; cependant, c’est encore possible. Mais que Moynat l’ait manqué de ses deux coups, non, je dirai non.

– C’est pourtant comme cela, mon pauvre Mocquet.

– D’ailleurs, vous l’avez touché, vous, me dit-il.

– Moi !… Es-tu sûr ?

– C’est honteux à dire pour nous autres ; mais, aussi vrai que je m’appelle Mocquet de mon nom de famille, vous l’avez touché, voyez-vous !

– Eh bien, mais, si je l’ai touché, c’est bien facile à voir, Mocquet. Il fera sang. Courons, Mocquet, courons !

Et je joignis l’exemple au précepte.

– Non, pardié ! ne courons pas, cria Mocquet en serrant les dents et en frappant du pied ; allons doucement, au contraire, que nous sachions à quoi nous en tenir.

– Allons doucement, mais allons.

Et il se mit à suivre pas à pas la trace du loup.

– Ah ! pardieu ! lui dis-je, il n’y a pas de crainte de la perdre, sa passée, elle est visible.

– Oui, mais ce n’est pas cela que je cherche.

– Que cherches-tu donc ?

– Vous le saurez tout à l’heure.

Les chasseurs qui enveloppaient avec nous la remise nous avaient rejoints et nous suivaient par-derrière, le garde champêtre leur racontant ce qui venait de se passer. Mocquet et moi, nous suivions les pas du loup, profondément empreints sur la neige.

Arrivés à l’endroit où l’animal avait essuyé mon feu :

– Eh bien, tu vois, Mocquet, lui dis-je, je l’ai manqué !