Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« féconde et enfantait, paraissait être la mère. » L’Amour, suivant Hésiode, présida au débrouillement du chaos. C’est là ce chaste mariage de la Nature avec elle-même que Virgile a chanté dans ces beaux vers du second livre des Géorgiques. « La Terre, dit ce poëte, s’entr’ouvre au printemps pour demander au Ciel le germe de la fécondité. Alors l’Éther, ce dieu puissant, descend au sein de son épouse, joyeuse de sa présence. Au moment où il fait couler sa semence dans les pluies qui l’arrosent, l’union de leurs deux immenses corps donne la vie et la nourriture à tous les êtres. » C’est également au printemps, et au 25 de mars, que les fictions sacrées des Chrétiens supposent que l’Éternel se communique à leur déesse vierge, pour réparer les malheurs de la Nature et régénérer l’Univers.

Columelle, dans son Traité sur l’agriculture, a aussi chanté les amours de la Nature ou le mariage du Ciel avec la Terre, qui se consomme tous les ans au printemps. Il nous peint l’Esprit éternel, source de la vie ou l’Ame qui anime le Monde, pressée des aiguillons de l’Amour et brûlante de tous les feux de Vénus, qui s’unit à la Nature ou à elle-même, puisqu’elle en fait partie, et qui remplit son propre sein de nouvelles productions. C’est cette union de l’Univers à lui-même, ou cette action mutuelle de ses deux sexes, qu’il appelle les grands secrets de la nature, ses orgies sacrées, ses mystères, et dont les initiations anciennes retraçaient les tableaux variés par une foule d’emblèmes. De là les fêtes ityphalli-