Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/97

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« Cette opinion sur les deux principes, continue Plutarque, est de toute antiquité ; elle a passé des théologiens et des législateurs aux poètes et aux philosophes. L’auteur n’en est point connu ; mais, l’opinion elle-même est constatée par les traditions du genre humain ; elle est consacrée par les mystères et les sacrifices chez les Grecs et chez les Barbares. On y reconnaît le dogme des principes opposés dans la Nature, qui par leur contrariété produisent le mélange du bien et du mal. On ne peut donc pas dire que ce soit un seul dispensateur qui puise les événements comme une liqueur dans deux tonneaux pour les mêler ensemble, et nous, en faire boire la mixtion, car la nature ne produit rien ici-bas qui soit sans mélange. Mais il faut reconnaître deux causes contraires, deux puissances opposées, qui portent l’une vers la droite, l’autre vers la gauche, et qui gouvernent ainsi notre vie et tout le Monde sublunaire, qui, par cette raison, est sujet à tant de changements et d’irrégularités de toute espèce, car rien ne se peut faire sans cause ; et si le bon ne peut être cause du mauvais, il est absolument nécessaire qu’il y ait une cause pour le mal, comme il y en a une pour le bien. »

On voit dans cette dernière phrase de Plutarque, que la véritable origine du dogme des deux principes vient de la difficulté que les hommes, dans tous les temps ont trouvée à expliquer par une seule cause le bien et le mal de la Nature, et à faire sortir la vertu et le crime, la lumière et les ténèbres d’une source