Page:Dupuy - La vie d'Évariste Galois.djvu/15

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élémentaires, à la rentrée de 1828 il entra tout droit dans celle de spéciales.

Cette classe avait alors pour professeur à Louis-le-Grand un homme dont le nom est resté en vénération à tous ceux qui l’ont approché : M. Richard était justement un esprit capable d’apprécier à sa valeur exacte le talent de Galois. Il savait, dit la Notice que M. O. Terquem publia sur lui en 1849, dans les Nouvelles Annales de Mathématiques, il savait s’élever au-dessus des programmes officiels : toujours au courant des progrès de la Science, auditeur assidu de M. Chasles à la Faculté, les questions qu’il posait tendaient à élargir l’esprit non à le rétrécir : il devina dans Galois un génie destiné à sonder toutes les profondeurs et à étendre le domaine de la Science. « Les solutions originales que ce brillant élève donnait aux questions posées dans la classe, dit de son côté la Note de Flaugergues dans le Magasin pittoresque, étaient expliquées à ses condisciples avec de justes éloges pour l’inventeur, et M. Richard proclamait hautement qu’il devait être admis hors ligne à l’École Polytechnique. » Il lui donna le premier prix. Au Concours général, Galois obtint le quatrième accessit avec une composition qui, m’a-t-on assuré, ne se distinguait de celle de Bravais, classée la première, que par une tendance à généraliser qui n’était déjà plus d’un élève. Aussi bien, les notes trimestrielles de M. Richard sur Galois sont conservées dans les archives de Louis-le-Grand : elles sont parfaitement simples : « Cet élève a une supériorité marquée sur tous ses condisciples ; — il ne travaille qu’aux parties supérieures des Mathématiques. »

Pendant cette année, en effet, Galois publia son premier Mémoire, Démonstration d’un théorème sur les fractions continues périodiques, dans le cahier du 1er mars 1829 des Annales de Gergonne. Il fit aussi sa première Communication à l’Académie des Sciences. « Cette même année, dit Auguste Chevalier[1], à dix-sept ans, Galois fit des découvertes de la plus haute importance sur la théorie des équations. Cauchy se chargea de présenter à l’Académie des Sciences un extrait de la théorie conçue par le jeune collégien ; il l’oublia ; l’extrait fut perdu pour son

  1. Revue Encyclopédique