Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/21

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— Mais j’ai dit bonjour à monsieur, répliqua Françoise en souriant avec ironie, et elle disparut dans une pièce voisine.

— Qu’avez-vous donc ? dit Niflart à Joachim, Mme du Quesnoy a été charmante.

Joachim, dépité, crut être raillé et ne dit rien. Les deux hommes se séparèrent. En bas, Niflart sauta dans un coupé où l’attendait M. Popeland, gros homme blond et bouffi, à l’air doux, sot et content, le grand propriétaire dont il s’agissait.

Joachim, resté seul, parcourut plusieurs fois un cahier laissé par Niflart, et marmotta : Ce Niflart me jouera quelque tour ! Bah ! peut-être le maintiendrai-je. Il s’habilla et sortit. Il alla déjeuner dans un café, puis se rendit chez Mme d’Archeranges.

Il était onze heures du matin. Françoise se tenait en moment dans un petit salon attenant à sa chambre à coucher. Elle déjeunait de son côté avec une charmante personne, petite, délicate, d’une figure fine et vive, ayant des mouvements de chatte, une voix pareille à un joli timbre de clochette. C’était son amie la plus intime, sa seule amie, Mlle Charlotte Guay, avec laquelle elle avait été en pension.

Charlotte Guay avait maintenant trente ans, et on l’aurait prise pour un enfant.

Ce matin-là, Françoise parlait de Joachim à Charlotte.

— J’ai encore vu ce matin cet homme, ce Ninart. C’est un être qui a une réputation équivoque. Il est désolant de penser en quelles mains se jette M. du Quesnoy.