Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/23

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On aurait dit que Mlle  Guay parlait d’elle-même. Elle semblait défier son propre mari.

— Et je n’hésiterais ras à avoir… poursuivit Charlotte. Elle s’arrêta, regarda son amie avec un peu d’inquiétude et continua, comme si elle se révoltait elle-même fièrement contre un tyran caché : Oui, à avoir un… ami !

Aussitôt elle eut peur d’avoir froissé la délicatesse de Françoise et elle ajouta en plaisantant : Il est vrai que moi je ne puis jamais me faire passer pour une personne sérieuse.

Mme  du Quesnoy avait des candeurs de puritanisme, par moments, qui expliquaient pourquoi aux yeux de bien des gens elle passait pour une femme sans esprit.

— Tu sais mon sentiment, répondit-elle, pour rien au monde une tache, pour rien, pour rien !

— Enfin si tu aimais quelqu’un ! s’écria Mlle  Guay, qui aurait sincèrement désiré que Françoise trouvât quelque distraction et quelque bonheur.

Mme  du Quesnoy jeta sur Charlotte un regard de surprise et d’espoir.

Mais elle reprit soudain son air soucieux et ajouta :

— Et cela à cause de celui-ci.

Elle montrait la direction de l’appartement de son mari.

— Ah ! s’écria Charlotte, prenez garde à votre orgueil, madame… vous vous y sacrifierez…

— Mais il est mon seul refuge, dit Mme  du Quesnoy avec la vivacité impatiente d’un être qui explique ses dernières ressources. Je ne veux pas être la plus mal-