Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant elle eut presque aussitôt un bon sourire, presque d’enfant, et dit :

— Peut-être porterai-je cette fleur, en effet.

Puis, tout d’un coup, par réaction, elle prit la corbeille et la repoussa derrière un rideau. Aussitôt, elle dit assez gaîment : puisque je veux être la femme de César !

— Sans César, répliqua Charlotte avec un peu de dépit ; mais peut-être César ne t’aurait-il pas convenu.

— Comme tu te moques de moi, aujourd’hui ! s’écria Françoise.

Charlotte regarda autour d’elle, et, montrant tout le délicat ameublement du petit salon :

— Cela est fait pour abriter le bonheur, dit-elle.

— Ah ! répondit Mme du Quesnoy, je ne suis pas tous les jours douloureuse ni disposée à me plaindre. Et si la vicomtesse n’était pas venue, la journée aurait été bonne, malgré ma petite antienne matinale sur mes terribles maux. Je serais aussi gaie que l’on voudrait.

— Aime, aime, aime, et tu seras délivrée ! interrompit Charlotte avec une vivacité qui fit rire Françoise.

Quand Mlle Guay fut partie, Mme du Quesnoy resta tout entière sous le charme des espérances amenées par Charlotte. À peine pensa-t-elle à sa querelle avec la vicomtesse. Mlle Guay avait été terrible, sans s’en douter, par ses conseils légers, à demi sérieux, à demi lancés dans un but de distraction. Françoise contempla longtemps les fleurs, les toucha, les respira, et le qui ? revint dix fois à sa pensée et sur ses lèvres, malgré elle.