Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/35

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mit à le bercer en effet pour se moquer de lui, puis qui le repoussa en ajoutant comme une très profonde réflexion : Nous sommes deux grands corps bien singuliers.

— Vous êtes peu compatissante, reprit Joachim impatiente, j’ai réellement besoin de calme, j’ai de grandes préoccupations.

— C’est très comique, dit Rose, les hommes ont toujours besoin que nous soyons employées avec des chasse-mouches à écarter les idées importunes, les tracas de leur front. Vous êtes de pauvres pachas !

— Ah ! interrompit M. du Quesnoy avec fatigue, jamais les femmes ne peuvent comprendre le moment où il faut être sérieux…

— Très bien, répliqua Rose piquée, soyez sérieux tout à votre aise… ; mais ne venez pas m’imposer l’ennui quand je n’ai nulle envie de m’ennuyer.

— Vous me congédiez ?

À ce moment arriva la vicomtesse, qui avait deviné que son frère pouvait être chez Mme  d’Archeranges.

— Ah ! s’écria Rose, votre sœur sera plus gaie que vous… Quelle robe du matin ravissante !… couleur aube !

Mais elle remarqua l’état d’animation où était la vicomtesse.

— Vous êtes donc une famille tragique ? demanda-t-elle.

— Ma chère, dit la vicomtesse, ce sont des affaires très graves, j’aurai recours à vous pour m’aider. Joachim a perdu la tête…