Page:Durkheim - L'Allemagne au-dessus de tout.djvu/51

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en vue de le dompter. Mais on ne dompte pas le monde. Quand la volonté se refuse à reconnaître les bornes et la mesure dont rien d’humain ne peut s’affranchir, il est inévitable qu’elle se laisse emporter en des excès qui l’épuisent, et qu’elle vienne, un jour ou l’autre, se heurter à des forces supérieures qui la brisent. Déjà, en effet, l’élan du monstre est arrêté. Que tous les peuples dont il trouble ou menace l’existence — et ils sont légion — viennent à se conjurer contre lui, il sera hors d’état de leur tenir tête et le monde sera libéré. Or, si des combinaisons accidentelles d’intérêts, de personnes et de circonstances peuvent retarder ce jour de libération, tôt ou tard, il se lèvera. Car l’Allemagne ne peut remplir le destin qu’elle s’est assigné sans empêcher l’humanité de vivre librement, et la vie ne se laisse pas éternellement enchaîner. On peut bien, par une action mécanique, la contenir, la paralyser pour un temps ; mais elle finit toujours par reprendre son cours, rejetant sur ses rives les obstacles qui s’opposaient à son libre mouvement.