Page:Durkheim - Les Formes élémentaires de la vie religieuse.djvu/377

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Mura-mura[1] qui, par conséquent, ressemblent singulièrement aux Altjirangamitjina des Arunta. Les Kurnai du Gippsland, bien qu’il n’existe plus chez eux que des vestiges de totémisme, croient également en l’existence d’ancêtres appelés Muk-Kurnai, et qu’ils conçoivent comme des êtres intermédiaires entre l’homme et l’animal[2]. Chez les Nimbaldi, Taplin a observé une théorie de la conception qui rappelle celle que Strehlow prête aux Arunta[3]. Dans l’État de Victoria, chez les Wotjobaluk, nous trouvons intégralement la croyance en la réincarnation. « Les esprits des morts, dit Mathews, s’assemblent dans les miyur[4] de leurs clans respectifs ; ils en sortent pour naître à nouveau sous forme humaine quand une occasion favorable se présente[5]. » Mathews affirme même que « la croyance à la réincarnation ou à la transmigration des âmes est fortement enracinée dans toutes les tribus australiennes »[6].

Si nous passons dans les régions septentrionales, nous trouvons au nord-ouest, chez les Niol-Niol, la pure doctrine des Arunta : toute naissance est attribuée à l’incarnation d’une âme préexistante qui s’introduit dans un corps de femme[7]. Dans le Queensland du Nord, des mythes, qui ne diffèrent des précédents que dans la forme, traduisent exactement les mêmes idées. Dans les tribus de la rivière Pennefather, on croit que tout homme a deux âmes : l’une, appelée ngai, réside dans le cœur, l’autre, choi, reste dans le placenta. Aussitôt après la naissance, le placenta est enterré en un lieu consacré. Un génie particulier, nommé

  1. Howitt, Nat. Tr., p. 482.
  2. Ibid., p. 487.
  3. Taplin, Folklore, Customs, Manners, etc., of South Austral. Aborig., p. 88.
  4. Chaque clan d’ancêtres a, sous terre, son camp spécial ; le miyur est ce camp.
  5. Mathews, in Journal of R. S. of N. S. Wales, XXXVIII, p. 293. Mathews signale la même croyance dans d’autres tribus de Victoria (ibid., p. 197).
  6. Mathews, ibid., p. 349.
  7. J. Bishof, Die Niol-Niol, in Anthropos, III, p. 35.