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I

Tel est le premier acte de la fête.

Dans la période qui suit immédiatement, il n’y a pas de cérémonie proprement dite. Cependant, la vie religieuse reste intense : elle se manifeste par une aggravation du système ordinaire des interdits. Le caractère sacré du totem est comme renforcé : on ose moins y toucher. Alors que, en temps normal, les Arunta peuvent manger de l’animal ou de la plante qui leur sert de totem pourvu que ce soit avec modération, au lendemain de l’Intichiuma, ce droit est suspendu ; l’interdiction alimentaire est stricte et

    troisième fascicule de son ouvrage qui traite précisément du culte positif, et, notamment, de l’Intichiuma ou, comme il dit, des rites de mbatjallcatiuma. Mais nous n’avons rien trouvé dans cette publication qui nous oblige à modifier la description qui précède ni même à la compléter par des additions importantes. Ce que Strehlow nous apprend de plus intéressant à ce sujet, c’est que les effusions et les oblations de sang sont beaucoup plus fréquentes qu’on ne pouvait le soupçonner d’après le récit de Spencer et Gillen (v. Strehlow, III, p. 13, 14, 19, 29, 39, 43, 46, 56, 67, 80, 89).

    Les renseignements de Strehlow sur le culte doivent, d’ailleurs, être employés avec circonspection, car il n’a pas été témoin des rites qu’il décrit ; il s’est borné à recueillir des témoignages oraux et qui sont généralement assez sommaires (v. fasc. III, préface de Leonhardi, p. v). On peut même se demander s’il n’a pas confondu avec excès les cérémonies totémiques de l’initiation avec celles qu’il appelle mbaljalkatiuma. Sans doute, il n’est pas sans avoir fait un louable effort pour les distinguer et il a bien mis en évidence deux de leurs caractéristiques différentielles. D’abord, l’Intichiuma a toujours lieu en un endroit consacré, auquel se rattache le souvenir de quelque ancêtre, tandis que les cérémonies d’initiation peuvent être célébrées en un lieu quelconque. Ensuite, les oblations de sang sont spéciales à l’Intichiuma ; ce qui prouve qu’elles tiennent à ce qu’il y a de plus essentiel dans ce rituel (III, p. 7). Mais, dans la description qu’il nous donne des rites, on trouve confondues des informations qui se rapportent indifféremment à l’une et à l’autre espèce de cérémonie. En effet, dans celles qu’il nous décrit sous le nom de mbaljalkatiuma, les jeunes gens jouent généralement un rôle important (v. par exemple, p. 11, 13, etc.) ; ce qui est caractéristique de l’initiation. De même, il semble bien que le lieu du rite soit arbitraire : car les acteurs construisent leur scène artificiellement. Ils creusent un trou dans lequel ils se placent ; il n’est généralement fait aucune allusion aux rochers ou arbres sacrés et à leur rôle rituel.