Page:Durkheim - Les Formes élémentaires de la vie religieuse.djvu/517

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femmes qui sont normalement chargées de ces soins, ce sont elles aussi qui s’acquittent du rite au milieu des chants et des danses.

II

Tous ces rites ressortissant au même type. Le principe sur lequel ils reposent est un de ceux qui sont à la base de ce qu’on appelle communément, et improprement[1], la magie sympathique.

Ces principes se ramènent ordinairement à deux[2].

Le premier peut s’énoncer ainsi : ce qui atteint un objet atteint aussi tout ce qui soutient avec cet objet un rapport de proximité ou de solidarité quelconque. Ainsi, ce qui affecte la partie affecte le tout ; toute action exercée sur un individu se transmet à ses voisins, à ses parents, à tous ceux dont il est solidaire à quelque titre que ce soit. Tous ces cas sont de simples applications de la loi de contagion que nous avons précédemment étudiée. Un état, une qualité bonne ou mauvaise se communiquent contagieusement d’un sujet à un sujet différent qui soutient quelque rapport avec le premier.

Le second principe se résume d’ordinaire dans la formule : le semblable produit le semblable. La figuration d’un être ou d’un état produit cet être ou cet état. C’est cette maxime que mettent en œuvre les rites qui viennent d’être décrits, et c’est à leur occasion que l’on peut le mieux saisir ce qu’elle a de caractéristique. L’exemple classique de l’envoûtement, que l’on présente généralement comme l’application typique de ce même précepte, est beaucoup moins significatif. Dans l’envoûtement, en

  1. Nous expliquerons plus bas (p. 517) en quoi consiste cette impropriété.
  2. Voir sur cette classification Frazer, Lectures on the Early History of Kingship, p. 37 et suiv. ; Hubert et Mauss, Théorie générale de la magie, p. 61 et suiv.