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CONCLUSION


Nous annoncions au début de cet ouvrage que la religion dont nous entreprenions l’étude contenait en elle les éléments les plus caractéristiques de la vie religieuse. On peut vérifier maintenant l’exactitude de cette proposition. Si simple que soit le système que nous avons étudié, nous y avons retrouvé toutes les grandes idées et toutes les principales attitudes rituelles qui sont à la base des religions même les plus avancées : distinction des choses en sacrées et en profanes, notion d’âme, d’esprit, de personnalité mythique, de divinité nationale et même internationale, culte négatif avec les pratiques ascétiques qui en sont la forme exaspérée, rites d’oblation et de communion, rites imitatifs, rites commémoratifs, rites piaculaires, rien n’y manque d’essentiel. Nous sommes donc fondé à espérer que les résultats auxquels nous sommes parvenu ne sont pas particuliers au seul totémisme, mais peuvent nous aider à comprendre ce qu’est la religion en général.

On objectera qu’une seule religion, quelle que puisse être son aire d’extension, constitue une base étroite pour une telle induction. Nous ne songeons pas à méconnaître ce qu’une vérification étendue peut ajouter d’autorité à une théorie. Mais il n’est pas moins vrai que, quand une loi a été prouvée par une expérience bien faite, cette preuve est valable universellement. Si, dans un cas même unique, un savant parvenait à surprendre le secret de la vie, ce cas