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cer dans le conflit »[1]. La voie que l’on avait essayé d’ouvrir à la conciliation se trouvait ainsi fermée[2].

Les pourparlers s’annonçaient donc laborieux. Aussi, comme le délai accordé par l’ultimatum était très court, on jugea que le plus urgent était d’obtenir une prolongation. On aurait ainsi le temps d’aviser avant qu’aucun acte irréparable fût accompli. La proposition fut faite par M. Sazonoff[3] ; la France, l’Angleterre et l’Italie promirent de l’appuyer[4]. Elle se justifiait, d’ailleurs, aisément ; il fallait quelque temps aux Puissances pour examiner les griefs de l’Autriche. La demande fut adressée simultanément à Berlin et à Vienne. À Berlin, quand le chargé d’affaires russe, M. Bronewsky, pour s’acquitter de sa mission, demanda un rendez-vous à M. de Jagow, celui-ci commença par l’ajourner jusqu’à la fin de l’après-midi du 25, c’est-à-dire jusqu’au moment où l’ultimatum arrivait à échéance. À force d’insistance, M. Bronewsky finit par être reçu un peu plus tôt, mais ce fut pour s’entendre dire que l’indication serait simplement transmise à Vienne. Non seulement M. de Jagow ne parla pas de l’appuyer, mais il ajouta que la démarche était trop tardive et que, d’ailleurs, il trouvait peu opportun pour l’Autriche de céder au dernier moment ; il se demandait même si cela ne risquerait pas « d’augmenter l’assurance de la Serbie ». À Vienne, quand le chargé d’affaires russe se présenta au ministère des Affaires étrangères, il se trouva justement que le comte Berchtold était absent ; il fut reçu par le secrétaire général, mais qui lui témoigna « une froideur glaciale » et, tout en l’assurant que sa communication serait transmise, lui prédit, sans hésiter, un refus catégorique[5].

Dès lors, on ne pouvait plus rien faire en temps utile ; il n’y

  1. L. J., nos 36 et 37.
  2. De cette première tentative de conciliation, il n’y a pas trace dans le Livre Blanc, ni dans la Préface.
  3. L. O., no 4.
  4. L. O., nos 15 et 16, Cor. B., no 20.
  5. L. O., nos 14 et 11., L. J. no 45. — De cette seconde tentative de conciliation et de son échec, il n’y a pas davantage trace dans le Livre Blanc.