cises envers les parties en présence lui permettait d’apprécier la situation avec une parfaite impartialité. Il ne méconnaissait aucunement que l’Autriche pût avoir contre la Serbie de sérieux griefs[1] ; il allait même jusqu’à dire que celle-ci avait besoin de recevoir une leçon. Mais il estimait que, sous prétexte d’humilier la Serbie, il ne fallait pas poursuivre une humiliation de la Russie[2]. La réponse serbe lui paraissait donner satisfaction à l’Autriche au delà de ce qu’on pouvait espérer ; il y voyait, tout au moins, une base de discussion et de réflexion[3].
Sur tous ces points, l’entente était facile avec la Russie. Elle aussi reconnaissait que les motifs qui avaient déterminé l’Autriche se comprenaient parfaitement, que « certaines de ses demandes étaient assez raisonnables », mais qu’il y en avait d’autres qui étaient inexécutables, au moins immédiatement ; ce sont celles qui supposaient un remaniement des lois sur la presse et sur les associations. Il y en avait aussi d’incompatibles avec la dignité de la Serbie comme État indépendant[4]. « Si, disait M. Sazonoff à l’ambassadeur autrichien, vous n’avez poursuivi d’autre but que de protéger votre territoire contre les menées des anarchistes serbes », vos intentions sont légitimes ; « mais le procédé auquel vous avez eu recours est indéfendable. Reprenez votre ultimatum, concluait-il, modifiez-en la forme et je vous garantis le résultat »[5]. En définitive, tout ce qu’il demandait, c’est « que l’intégrité territoriale de la Serbie fût garantie et que ses droits d’État souverain fussent respectés, de manière à ce qu’elle ne devînt pas tributaire de l’Autriche. » Dans ces conditions, il se déclarait prêt à « employer toute son influence à Belgrade pour que le Gouvernement serbe allât le plus loin possible dans la voie de la conciliation »[6].
Deux moyens furent essayés pour arriver à ce résultat.
Reprenant, mais avec des précisions nouvelles, une idée qu’il avait exprimée dès le premier abord, Sir Ed. Grey