Page:Durkheim - Qui a voulu la guerre ?.djvu/59

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reste, à ce même moment, le Luxembourg était déjà envahi : il est vrai que M. de Schoen envoya à M. Viviani une note où il était dit que cette invasion, contraire aux traités internationaux, ne constituait cependant pas une agression, mais n’était qu’une simple mesure préventive[1] !

Pour des raisons que nous ne chercherons pas à déterminer, l’Autriche-Hongrie ne crut pas devoir procéder comme son alliée : elle ne déclara pas la guerre à la France. Il en résulta une situation paradoxale : l’ambassadeur d’Autriche restait notre hôte, tandis que les troupes autrichiennes étaient sur notre frontière. Le 10 août, le Gouvernement français fit cesser ce paradoxe en rappelant M. Dumaine ; M. de Scézsen demanda alors ses passeports.

Mais il y eut un membre de la Triplice qui refusa de se ranger du côté de l’Allemagne : ce fut l’Italie. Dès le début, elle avait blâmé l’ultimatum autrichien. Pendant les négociations, elle avait appuyé les efforts de la Triple-Entente en vue de la paix. Aussi, dès le 1er août, le marquis de San Giuliano avait-il averti l’ambassadeur allemand à Rome que « la guerre entreprise… ayant un caractère agressif, ne cadrant pas avec le caractère défensif de la Triple-Alliance, l’Italie ne pourrait participer à la guerre »[2].

  1. L. J., no 136.
  2. L. J., no 124. — Depuis que ces lignes ont été écrites, nous avons appris par le récent discours de M. Giolitti que, déjà en 1913, l’Autriche avait voulu machiner une guerre contre la Serbie et que l’Italie avait refusé son concours à cette agression. L’assassinat de Serajevo n’était donc qu’un prétexte.