Page:Durkheim - Qui a voulu la guerre ?.djvu/65

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en refusant de se joindre aux autres puissances, empêcha la demande d’aboutir.

C’est elle qui, tout en protestant de ses sentiments pacifiques, fit avorter le projet de conférence à quatre, sans rien proposer qui pût en tenir lieu.

C’est elle qui, saisie du projet de pourparlers directs entre la Russie et l’Autriche, auquel elle ne pouvait rien objecter puisqu’il ne l’engageait à rien, refusa de l’appuyer à Vienne et se borna à le transmettre, non sans un mauvais vouloir évident.

C’est elle qui témoigna de son agressivité foncière en menaçant, dès le 29 juillet, de se jeter sur la Russie, et cela sous un prétexte qu’elle reconnut ensuite indéfendable.

C’est elle qui, le 30, sans consulter l’Autriche, rejeta une nouvelle proposition de M. Sazonoff qui pouvait, tout au moins, servir de base à des négociations ultérieures.

C’est elle qui, quand la mobilisation générale était partout décrétée, quand la guerre paraissait imminente, refusa même d’examiner un nouveau projet transactionnel qui aurait conjuré le danger, que l’Autriche acceptait, que toutes les Puissances recommandaient et qui devait lui donner à elle-même entière satisfaction.

C’est elle, enfin, qui a déclaré la guerre à la Russie et à la France, en justifiant cette double déclaration par des inventions mensongères.

À cet ensemble concordant de charges accablantes, l’Allemagne oppose un système dont la Préface du Livre Blanc nous donne la version officielle : il a pour objet de rejeter sur la Russie toute la responsabilité. La discussion n’en sera pas longue : il s’écroule, dès qu’on s’est rendu compte de la méthode qui a permis de le construire.

L’auteur de cette préface ne falsifie pas, au sens propre du mot, les faits dont il se sert : il procède par omissions méthodiques. Sans doute, on trouve dans son exposé des affirmations sans preuves, d’autres qui sont manifestement contraires à la vérité ; nous en avons cité plusieurs. Très