Page:Duru et Chivot, Madame Favart.djvu/18

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plier en désordre après avoir éprouvé des pertes sensibles… pour son amour-propre…

BISCOTIN.

Ça a dû le vexer.

FAVART.

Énormément… Alors, il jura de se venger, et sous un motif frivole, il fit enfermer madame Favart dans le couvent des Ursulines de Cambrai.

BISCOTIN.

Ah ! ah !… Et vous ?

FAVART.

Moi… il voulut aussi me faire enfermer… pas chez les Ursulines… mais en prison… sous prétexte de quelques dettes criardes… Prévenu à temps, je parvins à m’enfuir, on me poursuivit, c’était une chasse à courre… Bref ! je ne m’arrêtai qu’ici, où vous m’avez accueilli comme un frère et fourré dans votre cave… Fin du premier acte.

BISCOTIN.

C’est très-attachant… mais enfin, la position n’est pas si mauvaise… madame Favart est rassurée sur votre sort, grâce à ce billet que j’ai pu lui faire parvenir…

FAVART.

Oui… ce billet dans lequel je lui apprends que je suis en sûreté chez vous, digne ami… (S’animant.) Eh bien ! non, qu’il le sache, le grand capitaine… non, non !… nous ne capitulerons pas !…

BISCOTIN.

Ne criez donc pas comme ça… et rentrez, je vous en prie… rentrez…

Il ouvre la trappe.

FAVART.

Vous croyez que c’est indispensable ?…

BISCOTIN.

Si je le crois !… Tout à l’heure, encore, j’ai vu rôder par ici des figures suspectes…