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la Jane Guy, de Liverpool, capitaine Guy, partie pour chasser le veau marin et trafiquer dans les mers du Sud et le Pacifique.

XIV

ALBATROS ET PINGOUINS.

La Jane Guy était une goëlette de belle apparence, de la contenance de cent quatre-vingts tonneaux. Elle était singulièrement effilée de l’avant, et au plus près, par un temps maniable, c’était bien le meilleur marcheur que j’aie jamais vu. Toutefois ses qualités, comme bateau propre à tenir la mer, étaient loin d’être aussi grandes, et son tirant d’eau était beaucoup trop considérable pour l’usage auquel elle était destinée. Pour ce service particulier, on a surtout besoin d’un navire plus gros et d’un tirant d’eau relativement faible, — c’est-à-dire d’un navire de trois à trois cent cinquante tonneaux. Elle aurait dû être gréée en trois-mâts-barque, et différer à tous égards des constructions usitées pour les mers du Sud. Il eût été indispensable qu’elle fût bien armée. Elle aurait dû avoir dix ou douze caronades de douze, et deux ou trois beaucoup plus longues, avec des espingoles de bronze et des caissons imperméables à l’eau pour chaque hune. Ses ancres et ses câbles auraient dû être beaucoup plus forts que ne l’exige tout autre service, et par-dessus tout il lui fallait un équipage nombreux et montant au moins à cinquante ou soixante hommes solides, ce qu’il faut à un navire de l’espèce en question. La Jane Guy possédait