Page:Edgar Poe Arthur Gordon Pym.djvu/239

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de pierre de savon, et la description que j’ai faite tout à l’heure de l’étroite et profonde crevasse à travers laquelle nous avions échappé à notre terrible sépulture doit servir à en faire plus complètement comprendre la nature. Elle était telle que la première convulsion naturelle devait, à coup sûr, fendre le sol en couches perpendiculaires ou lignes de partage parallèles les unes aux autres, et qu’un effort très-modéré de l’art pouvait suffire pour obtenir le même résultat. C’était de cette stratification particulière que les sauvages s’étaient servis pour mener à bonne fin leur abominable traîtrise. Il est impossible de mettre en doute qu’une rupture partielle du sol n’ait été opérée, grâce à cette ligne continue de poteaux, à une profondeur d’un ou deux pieds peut-être, et qu’un sauvage placé à l’extrémité de chacune des cordes et tirant à lui (ces cordes étant attachées à la pointe des poteaux et s’étendant depuis la crête de la colline) n’ait obtenu une énorme puissance de levier capable de précipiter, à un signal donné, toute la paroi de la colline dans le fond du gouffre. La destinée de nos pauvres camarades ne pouvait plus être l’objet d’un doute. Seuls nous avions échappé à cet écrasant cataclysme artificiel. Nous étions les seuls hommes blancs restés vivants sur l’île.

XXII

TEKELI-LI !

Notre situation, telle qu’elle nous apparut alors, était à peine moins terrible que lorsque nous nous étions crus