Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/37

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puis, il n’y a peut-être plus de pommes sous l’arbre.

— Que dis-tu là ?… Et puis, quand même, tu ne peux pas reculer maintenant. Tu savais bien ce que tu faisais quand tu as franchi la haie, et surtout quand tu nous a vanté avec tant d’emphase la beauté des pommes que tu as vues. »

Après un moment de silence, Tarlton ajouta :

« Allons ! je ne te reconnais plus. Je ne sais pas ce que tu as aujourd’hui ; toi, qui es d’ordinaire le meilleur enfant du monde, complaisant, prêt à tout, tu es tout à fait changé. Va, reste de ton côté ; mais sache bien qu’à dater d’aujourd’hui nous ne t’aimons plus ; n’est-ce pas, mes amis ?

— Vous ne n’aimerez plus ! s’écria Loveit avec angoisse. Non, non, il ne sera pas dit que je me ferai détester par vous. »

Et, présentant machinalement sa main à Tarlton, qui la serra avec force, il lui dit :

« Eh bien ? oui, je l’avoue maintenant, ce que vous voulez faire est bien, très-bien. »

Sa conscience murmurait : « C’est mal, très-mal. » Mais il n’écoutait plus cette voix intérieure. Fasciné par les transports de joie qu’il vit éclater, il ne conserva même plus ni le désir ni l’espoir de résister, et ses camarades, joyeux de sa faiblesse, de s’écrier :