Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/43

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vie pour acheter un petit coin de terre, et il conservait bien précieusement pour son fils ce résultat de ses économies. Le vol qu’on avait commis chez lui l’affligea donc profondément, et il fut obligé de se recueillir un instant pour savoir quel parti il devait prendre.

« Si je me plains à leur maître, ils seront certainement punis, et j’en serais bien fâché. Cependant il ne faut pas qu’ils puissent recommencer : ce serait leur rendre un bien mauvais service, et cela pourrait en conduire quelques-uns plus loin qu’on ne le pense… Voyons… Oh ! j’y suis. J’attacherai dans le jardin Barker, le chien du fermier Kent ; il m’a promis de me le prêter, et je suis sûr qu’il le fera. »

Le fermier Kent consentit, en effet, à prêter au voisin son Barker, le chien le plus fort et le meilleur gardien de toute la contrée. Ils l’attachèrent au tronc du pommier.

La nuit venue, Tarlton, Loveit et leurs camarades retournèrent à la maraude. Fiers de leur prouesse de la veille, ils arrivèrent en dansant et en chantant ; mais à peine eurent-ils sauté dans le jardin, que le chien, se soulevant sur ses pattes de derrière et faisant résonner sa chaîne, aboya avec fureur. Nos maraudeurs, saisis d’épouvante, ne savaient que devenir. « Essayons de ce côté, » dit Tarlton ; et ils prirent une allée détournée.