Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/66

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lui disait au contraire que sa bonne conduite lui méritait l’estime de tous les honnêtes gens, et que les fautes de son père ne devaient pas retomber sur lui.

Cette espérance remplissait de joie le cœur de Franklin : il montrait le plus grand désir d’apprendre et de faire tout ce qui était bien. M. Spencer, voyant ces bonnes dispositions, s’attachait à lui de plus en plus. Il prit un soin tout particulier de son instruction, et lui inculqua les principes et les habitudes qui rendent un homme utile, respectable et heureux.

Lorsque Franklin eut atteint sa treizième année, M. Spencer le fit venir dans son cabinet et lui dit d’un ton grave et affectueux en pliant une lettre qu’il venait d’écrire :

« Franklin, tu vas me quitter.

— Moi, monsieur ?

— Oui ; il est temps de songer à ton avenir. Tu es en âge de gagner ta vie. Prends donc cette lettre, et porte-la chez Mme Churchill, ma sœur, place de la Reine. Tu sais où est cette place, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur, j’y suis déjà allé.

— Tu vas entrer au service de ma sœur. Il faut t’attendre, pendant les premiers temps, à faire des travaux un peu pénibles, désagréables même ; mais ne te décourage pas, sois soumis et obéis-