Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un coup de poing sur le visage et fut traité de méchant, d’impertinent, de sot animal.

« Méchant ! impertinent ! » répéta Franklin ; puis regardant M. Tirebouchon, et voyant qu’il avait la face plus enluminée que d’habitude, il pensa qu’il était ivre. Il fut donc persuadé que le lendemain, en recouvrant l’usage de la raison, le sommelier ne manquerait pas de reconnaître son injustice et de lui faire ses excuses pour les mauvais traitements qu’il lui avait fait endurer. Il n’en fut pas ainsi cependant ; le lendemain, lorsque Franklin provoqua une explication :

« Pourquoi, lui dit M. Tirebouchon, quand madame vous a demandé où j’étais, avez-vous répondu que j’étais parti ?

— Parce que vous étiez réellement parti.

— Et pourquoi avez-vous ensuite répondu que vous ne saviez pas ou j’étais ?

— Parce que vous ne me l’aviez pas dit et que je n’en savais rien.

— Vous êtes un enfant stupide ! Il fallait dire que j’étais à la cave.

— Mais y étiez-vous ?

— Si j’y étais ? répondit M. Tirebouchon avec un regard farouche. Ah ça ! mais êtes-vous donc ici pour censurer ma conduite ? Monsieur l’hypocrite, vous vous trompez singulièrement, si vous vous attendez à ce que je vous fasse des excuses.