Page:Edgeworth - Contes de l enfance.djvu/81

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— C’est bien ; mais j’ai une course à te donner : tu vas te rendre chez mon libraire. »

Et Mlle Pamfret lui ayant donné ce qui était nécessaire pour écrire, elle traça à la hâte quelques lignes qu’elle mit sous enveloppe. Pendant ce temps, Félix était tourmenté par un petit chien français que l’on appelait Manchon. Manchon ne voulait pas des caresses de Félix ; il criait dès qu’il l’apercevait, et ce jour-là paraissait plus acharné que jamais après le jeune garçon.

« Bon petit chien ! bon petit chien ! » disait Félix en lui frappant doucement sur la tête.

Mais Manchon cherchait à lui déchirer sa poche.

« Tenez, dit la maîtresse, voici la lettre. Silence, Manchon ! silence ! Venez ici et laissez Félix tranquille. »

Manchon, au lieu d’obéir, attaqua la poche de Félix avec plus de vigueur, parvint à y entrer la tête, et en sortit un papier plié et la moitié du pâté qui avait servi au déjeuner du matin.

« Mon pâté froid ! s’écria Mlle Pamfret, qu’est-ce que cela signifie ?

— Allons, répondez, dit Mme Churchill, qu’est-ce que cela signifie ?

— Je ne sais, madame, seulement…

— Seulement… achevez. »

Et comme Félix se taisait :