Page:Emerson - Société et solitude, trad. Dugard.djvu/27

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porteur de richesses, un créateur de débouchés, un chemin pour le commerce. Un autre progrès dans la voie de la civilisation est le passage de la guerre, de la chasse, et de l’état pastoral à l’agriculture. Pour traduire leur sentiment de l’importance de ce progrès, nos ancêtres scandinaves nous ont laissé une légende significative. « Il était une fois une géante qui avait une fille, et l’enfant vit un cultivateur labourant un champ. Alors elle courut, le prit entre l’index et le pouce, le mit avec sa charrue et ses bœufs dans son tablier, et le porta à sa mère en disant : « Mère, qu’est-ce que cette espèce d’escarbot que j’ai trouvé remuant dans le sable ? » Mais la mère répondit : « Laisse-le mon enfant ; il nous faut partir du pays, car ces gens l’habiteront. » Un autre progrès est l’institution des postes avec sa force éducatrice accrue par le bon marché, et protégée dans le monde par une sorte de sentiment religieux ; de sorte que je considère la vertu d’un pain à cacheter, d’une goutte de cire ou de gomme qui garde une lettre pendant qu’elle vole par delà les mers et les terres et arrive à son adresse comme si un bataillon d’artillerie l’apportait, comme un excellent critérium de la civilisation.

La division du travail, la multiplication des arts de la paix, qui n’est pas autre chose qu’une large opportunité accordée à chaque homme de choisir ses occupations selon ses aptitudes — de vivre de ce qu’il fait le mieux — remplit l’État de travailleurs heureux et utiles ; et ceux-ci, créant la demande par l’offre tentante de leurs produits, sont récompensés rapidement et sûrement par une vente fructueuse : et quelle police, quels dix commandements devient