Page:Esope trad Corrozet.djvu/24

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Ainsi est-il, o prince trespuissant,
Royalle fleur du beau Liz florissant,
Que ceulx qui sont abondantz en sçavoir
Pour le jourd’huy nous font entendre et veoir
Leurs bastimens accomplis et parfaictz,
Qui sont les dictz et escriptz par eulx faictz,
Tant bien disantz, en termes sy exquis,
Qu’à la matière et subject est requis.

Pour le present le royaulme de France
De telles gentz n’a faulte ne souffrance.
Et se peult bien sur tous donner le pris
Qu’il a en soy la fleur des bons espritz,
Qu’en toute langue homme sçavant s’y treuve,
Dont n’est besoing faire plus grande preuve.

Oultre ceulx là qui font si beaulx ouvraiges,
Moindres y a en sçavoir et langaigcs,
Qui toutesfois, par bon zelle et vouloir,
Taschent de loing à se faire vailoir,
En bastissant, selon leur fantasie,
Petits traictez de basse poésie,
Qui ne sont pas du tout à rejecter,
Car on s’y peult maintesfois délecter
Autant qu’aux grandz, et le bien et prouffit
Qui en provient aux bien veuillantz suffit.

Or ay-je faict (Prince tresmagnanime)
Ce bastiment d’assez petite estime.
En quoy faisant, pour mon avancement,
J’ay prins d’aultruy la pierre et le ciment :