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répondu : « Parce que ce n’est pas le temps des canettes ou de la thèque. » La réponse eût été la même si, l’année étant plus avancée, vous lui aviez adressé votre demande pendant qu’il jouait aux palets ou à la thèque.

En effet, ces jeux, que l’on croirait livrés au caprice de la gent turbulente qui anime nos carrefours de sa bruyante agitation, sont ou plutôt étaient réglementés par la force de l’habitude, qui voulait qu’à telle époque on jouât à ceci et pas à autre chose.

Dès les premiers jours du printemps, les enfants se glissaient dehors, munis de la toupie suspendue au bout de sa corde, et faisant des moulinets redoutables pour les devantures des magasins, se rendaient dans quelque rue non pavée, où ils étaient sûrs de rencontrer des camarades. Il a toujours existé entre les enfants une sorte de franc-maçonnerie, et sans rien se dire ils savent où se retrouver.

Alors là s’engageaient de ces formidables parties également dangereuses pour les jambes des promeneurs et les vitres des habitants.

Mais la toupie est un jeu qui nécessite beaucoup de mouvement ; aussi l’abandonnait-on pendant l’été pour jouer aux canettes, récréation plus paisible et pour laquelle il n’est pas nécessaire de rechercher un emplacement spécial.