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Ses études, où il avait brillé surtout en thème latin, en récitation et en instruction religieuse, avaient été fort bonnes. Il semble ne les avoir pas complétées par cette éducation que l’on se donne à soi-même et qui est la seule qui vaille, ayant, dès la vingtième année, été forcé de gagner sa vie d’abord comme employé de librairie, ensuite comme écrivain. Il écrivit trop tôt. Tout homme qui écrit avant trente ans et qui ne consacre pas l’âge d’or de la vie, de la vingtième année à la trentième, à lire, à observer et à réfléchir, sans écrire une ligne, risque de n’avoir pas de cerveau et de n’être qu’un ouvrier littéraire. Il y a des exceptions ; mais elles sont rares.

On peut, assez raisonnablement, diviser la carrière littéraire d’Émile Zola en trois périodes. Avant les Rougon-Macquart, les Rougon-Macquart, après les Rougon-Macquart ; c’est-à-dire avant 1870, de 1870 à 1893, après 1893. Avant 1870 c’est Émile Zola qui s’essaye et qui se cherche ; de 1870 à 1893 c’est Émile Zola qui s’est trouvé et qui s’exprime ; depuis 1893 c’est Émile Zola déclinant et n’écrivant plus qu’avec ses procédés, ses recettes et ses manies.