Page:Fagus - Testament de sa vie première, 1898.djvu/21

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Le Printemps m'a percé le cœur
Et je me meurs avec bonheur
De la frissonnante blessure :
Le Printemps m'a percé le cœur
Et j'en expire de bonheur !

Je deviens femme, je sens bien,
Je rentre au grand Tout féminin.
Nature, l'infinie femelle...
Je deviens femme, je sens bien,
J'ai faim de viols gonfler mon sein...

C'est trop de fleurs, c'est trop de fleurs !
Trop d'exténuantes odeurs...
Ah fadeurs !... je m'y sens dissoudre...
C'est trop de fleurs ! c'est trop de fleurs !
Je sens s'y dissoudre mon cœur !

Mon cœur s'est envolé de moi,
Dispersé dans l’air et les bois...
Mon sang coule avec l'eau des sources...
Mon cœur s'est envolé de moi,
Je ne suis plus rien qu'une voix,

Je ne suis plus rien qu'un parfum,
L'un des mille parfums si fins
Haleine immense de la terre...