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les portraits de famille.

nissoit du tort qu’ils m’avoient fait, et vouèrent leur premier enfant au service de Dieu. Comme ce fut une fille, je l’épargnai. Berthe n’ayant plus eu d’autres enfans, Bruno, irrité de voir que sa race alloit s’anéantir, répudia sa femme comme s’il se fût repenti de l’injustice qu’il avoit commise en la prenant, et prit une autre épouse. L’infortunée Berthe se réfugia dans un monastère, et se consacra au ciel ; mais sa raison s’égara, et une nuit elle quitta sa retraite, vint à cette tour dans laquelle j’avois été enfermé à cause de sa perfidie, y pleura sa faute, et le chagrin y termina ses jours. Voilà ce qui a fait donner à cette tour le nom de Roche de la None. J’entendis, pendant la nuit, ses sanglots ; et, en allant à la tour, je trouvai Berthe immobile le long du mur ; le froid de la