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l’amour muet.

suivant la prédiction du saint homme. Je m’étois attendu, mais en vain, à être délivré des chaînes pénibles qui m’attachoient encore à la terre ; car, apprends-le, lorsque l’âme se sépare du corps, elle aspire au lieu du repos ; ce vif desir lui fait paroître les années aussi longues que des siècles, tant qu’elle languit dans un élément étranger. Pour châtiment, je continuai le métier que j’avois exercé pendant ma vie ; mais, hélas ! bientôt mes apparitions nocturnes rendirent ce château désert. Il n’y entroit que bien rarement un pauvre pélerin, pour y passer la nuit. Je le ai tous traités comme toi ; mais aucun ne m’a compris, et ne m’a rendu le service qui seul pouvoit délivrer mon âme de cette triste servitude. Dorénavant, aucun esprit ne se montrera dans ce château, car je vais