Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

GG SEBASTIEN cAs1·ELL10N. · dinal de Lo1·raine, Jean de Guise, associé aux derniéres années de l’adn1inistration de Duprat; — et le futur cardinal de Tournon, qui·achevait de conquérir dans les négociations , .diplomatiques l’empire qu’il allait exercer sur l’esprit du roi. Au-dessous d’eux ou plutot dans leurs mains sont deux forces qu’ils déchaîneront quand ils voudront : l’une est la Sorbonne avec saphalange de docteurs et de pédants, débris d`un autre age, dont nos humanistes cesseront bientot de rire; l`autre est la milice des couvents, des ordres mendiants surtout, toujours prets à raviver dansle baspeuple les fureurs du plus sombre fanatisme. _ · Ce parti, dont les Guises devaient prendre la tète, aurait-il _ raison en France de la majorité pacifique modérée, comme l’avait fait celui de Caraffa en Italie? lflnquisition triomphe- rait—elle a Paris comme a Rome? A Home, il avait fallu sub- juguer le pape; et Paris, il faudrait gagner le roi. 4 III ‘ A _ A Gagner le roi, en Franco, c’était avoir tout gagné, puisque ce pays, et la différence de l’Allemagne et de l’Italie, n’of`frait pas la complication d’un pouvoir morcelé entre une foule de princes souverains et de villes libres, puisque d’autre part il n’y aurait pour ainsi dire rien a craindre des corps consti- tués. Pas d’États généraux, et pour cause. Le Parlement i (mi—parti laïque et ecclésiastique) ne savait que changer de servilité suivant que tour a tour il cédait plusau clergé ou au roi. Ainsi tout dépendait d’un homme seul, et de quel homme! le plus facile a prendre, le moinsprémuni contre ' son entourage et contre lui-mème, le plus accessible a toutes les influences que l’Église a toujours su manie1· avec une science incomparable : proie si facile que c’était un jeu de s’en emparer. Par quels moyens? par tous. Qu’in1porte? le plus futile est parfois le meilleur. Ge sera tour à tour·l’intérêt, l’orgueil, la vanité, l'impatience, la lassitude, une intrigue, une fable, un mot de sa mere, un sourire de sa maîtresse, un