Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/98

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80 SEBASTIEN cixsrmnriow. les menaces des uns, par les prières des autres, par les remon- trances de leurs amis, par le blàinediscret des esprits mo- dérés, par les alarmes de leur famille et, bien plus encore, par la conscience de leurs propres doutes? · Cc que l’Ég·lise avait prévu, nous allons le voir s’accomplir a Lyon, sous le gouvernement du cardinal de Tournon. Cet habile administrateur, Parfaict ouvrier ai manier grand œuvre ‘, n`avait pas attendu la réaction décisive de 1538 pour rappeler les gens de lettres a l’obéissance. Il avait commencé par le poète favori du roi, celui a qui l`on avaitjusque—la tout passé, tout pardonné. Malgré les let- i tres « de bonté merveilleuses » que Francois I°' lui écrivait pour lui rouvrir la France, Clément Marot n’avait pu rentrer à Lyon qu°a la condition de se soumettre à l’humiliante for- malité d’une abjuration solennelle devant le cardinal et le clergé de Lyon ’. A ce premier et grand exemple, on en peut ajouter un autre moins connu et qui est pris dans le cercle même où nous avons laissé 11otre Castellion. On n’a pas oublié en quels termes enthousiastes Nicolas Bourbon célébrait en 1533 sinon la réforme de Luthe1·, du _ 1noins la réforme religieuse. (Voir plus haut, p. A la lin de 1538, le même poete publie une édition complète de ses poésies disposées en huit livres. Et et la place de l’ode In laudem Dei oplimi maœimi, nous trouvons à la même page ", sans que rien nous avertisse d'un changement quelconque, une piece dans le même rythme, en strophes sapliiques : AD n. uaamx vmcuvau _¤au>aaAu O Dei nutrix eademque mater, 0 Viri conjux eademque virgo, Quœ, velut cœli decus, alta supra. Sidera fulges! A 1. Cl. Chappuis, cité par Guiflrey, (Euvres de Clément Marat, lil, p. 549. 9. Le fait, auquel Mnrot lui-même u fait allusion (Adieu.: zi la ville de Lyon) et que Sagon n'a pas manqué de relater, avait été contesté par quelques auteurs protestants, notamment par M. Douen, Clément Marat et lc psautier lnzguenot. M. Guitlrey n publié une lettre du cardinal de Tournon lui—méme, datée du 14 décembre 1536, qui ne laisse aucun doute. (Guitlrey, (Euvrex de Cl. Marat, lll, p. 554.) 3. Liber Ill, Carmen xcvu, p. 183.