Page:Feydeau - La Puce à l’oreille, 1910.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

prend ?… Laissez-moi me remettre de mon émotion…

Elle s’est dégagée et a passé numéro 2.
TOURNEL, revenant à la charge et très emballé.

Non ! non ! profitons-en, au contraire ! profitez de votre trouble tant qu’il est chaud !

RAYMONDE, se débattant entre ses bras.

Tournel ! Tournel ! voyons !

TOURNEL, sans l’écouter.

Dans ces moments-là, les sensations sont bien plus intenses ! (L’entraînant malgré elle vers le lit.) Allons ! venez !… venez, viens !… viens, venez !

RAYMONDE, affolée.

Quoi ?… Quoi ?… Qu’est-ce que vous faites ? Où m’entraînez-vous ?

TOURNEL, un pied déjà sur la marche du lit,
entraînant toujours Raymonde.

Mais là !… là où le bonheur nous attend !

RAYMONDE.

Hein ! Là ? Vous êtes fou !… (Elle lui donne une poussée qui l’envoie s’asseoir sur le lit et passe à gauche.) Pour qui me prenez-vous ?

TOURNEL, ahuri.

Comment ! Mais ne m’avez-vous pas laisser entendre que vous consentiez… !

RAYMONDE, vivement et avec hauteur.

À être votre amante… oui ! (Gagnant la droite, avec dignité.) Mais coucher avec vous ! Ah !… me prenez-vous pour une prostituée ?

TOURNEL, tout à fait sur le rebord du lit et bien piteux.

Mais alors… quoi ?