Page:Feydeau - La Puce à l’oreille, 1910.djvu/209

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’hui ?… (Un temps. La figure d’Antoinette, exprime une certaine angoisse.) Hein ?… Comment, elle n’est pas sortie ?… (La figure d’Antoinette se rassérène ; elle pousse un soupir de soulagement.) Voyons, ce n’est pas possible ; dites que vous ne l’avez pas vue passer… (Un temps.) Comment ?… Elle est venue manger la soupe avec vous ! (Petit sursaut de joie à peine visible chez Antoinette dont l’œil, dès lors, devient moqueur, la lèvre gouailleuse.) Hein ?… Oui, j’entends bien : comme personne ne dînait là-haut, elle est venue… (N’en croyant pas ses oreilles.) Ah ! ça, Voyons ! voyons !…

ANTOINETTE, toujours dans la même position et sans décroiser les bras, présentant les cinq doigts de sa main au public, puis d’un geste de la tête indiquant le téléphone.

Cinq francs… ça me coûte, ça !

ÉTIENNE, qui est resté un instant coi.

Je n’y comprends rien !… C’est invraisemblable !… C’est bien !… Je vous remercie… je vous demande pardon.

Il raccroche le récepteur avec humeur et rentre dans le salon, l’air vexé et rageur ; il a tiré les battants de la porte sur lui en rentrant.

ANTOINETTE, gouailleuse.

Eh ben ?…

ÉTIENNE, brutalement,

Ah ! fiche-moi la paix ! (Avec humeur gagnant la gauche.) C’est à se demander si je suis fou, si j’ai la berlue !…

ANTOINETTE, remontant dans la direction de la porte fond gauche.

Ce qu’on peut être bête, quand on est jaloux !