Page:Feydeau - La Puce à l’oreille, 1910.djvu/43

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CAMILLE, dans son langage incompréhensible.

Faites pas attention ! Je regardais si Victor-Emmanuel n’était pas rentré.

RAYMONDE, le plus simplement du monde, sur le ton de la conversation.

Non, pas encore. Pourquoi ?

CAMILLE, même jeu.

Parce que j’ai tout un courrier à lui faire signer, et puis des renseignements à lui demander au sujet d’un contrat à préparer. Je suis un peu embarrassé, alors j’aurai voulu…

RAYMONDE.

Oh ! bien, je pense qu’il ne peut guère tarder.

CAMILLE.

Bon ! je vais attendre. Après tout il n’y a que ça à faire, n’est-ce pas ? Il n’est pas là, tout ce que je dirai ou rien…

RAYMONDE.

Évidemment ! Évidemment ! (À Lucienne qui, depuis le commencement de ce dialogue, écoute bouche bée, le regard allant successivement d’un interlocuteur à l’autre, pour s’arrêter définitivement avec admiration sur Raymonde.) Pourquoi me regardes-tu comme ça, toi ?

LUCIENNE, décontenancée.

Hein ?… Pour rien ! rien !

CAMILLE, à Lucienne sur un ton jovial.

Eh bien ! madame ? ma cousine a fini par rentrer ! Elle ne vous a pas trop fait attendre !

LUCIENNE, un peu interloquée par cette apostrophe et voulant avoir l’air d’avoir compris.

En effet, monsieur, oui, je vous reconnais ;